Quand les enfants développent l’élevage
Avec l’installation d’Éloïse et de Simon aux côtés de leur père Frédéric, l’exploitation de grandes cultures de la famille Le Grand s’est convertie au bio et a développé l’élevage.
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En ce samedi 28 septembre 2024, c’est l’ébullition à la ferme des Sueurs au Val-Saint-Germain, en Essonne. Et pour cause, c’est la journée portes ouvertes. Les clients rencontrent ainsi les agriculteurs dont les produits sont vendus à la boutique. L’an passé, organisée à la fin de mai, elle avait réuni 1 300 personnes. Cette journée, c’est l’idée « un peu folle » d’Éloïse Le Grand qui s’est installée en 2017 avec son père Frédéric, 57 ans. Dans l’optique de son retour, l’exploitation de 260 ha a été convertie au bio en 2016. « Le projet était de développer l’élevage bio d’animaux nourris au maximum avec nos cultures », précise Frédéric, qui élevait déjà quelques volailles de fête avec ses parents.
« À mon arrivée, nous avons développé l’élevage de volailles et créé un magasin à la ferme », raconte Éloïse, 33 ans. 249 poules pondeuses ravissent les clients. « Il y a une très grosse demande en œufs frais, constate Frédéric. Nous réfléchissons à augmenter le nombre de pondeuses pour y répondre mais cela demande des adaptations réglementaires et des investissements dans un centre de conditionnement. »
Sur l’année, 7 000 volailles sont également élevées en plein air, essentiellement des poulets de chair, des pintades et 400 chapons pour les fêtes. Un abattoir a été construit en 2017 pour les tuer sur place. Catherine Le Grand, l’épouse de Frédéric, infirmière à mi-temps et conjointe collaboratrice, s’occupe de l’abattage tous les mardis avec son mari et ses enfants.
Deux bâtiments photovoltaïques
En 2018, l’élevage et la vente de porcs sont testés. Devant le succès rencontré, la production augmente petit à petit. Cet été, deux nouveaux bâtiments d’élevage ont vu le jour. « Nous avons investi 900 000 € dans deux bâtiments photovoltaïques. Nous les finançons notamment grâce aux 300 000 € d’aide de la Région Île-de-France et du Fonds européen de développement régional, au prêt de 200 000 € à un taux de 2 % accordé aux jeunes installés et à la vente de la production d’électricité », explique Frédéric.
Dans le premier bâtiment, 150 cochons par an sont élevés pour démarrer, avec un potentiel de 360 cochons par an. On compte une trentaine de porcs par box couvert avec un accès à un hectare en plein air. Ils sont abattus à Vendôme (Loir-et-Cher) le lundi, puis découpés aux Cochonnailles du Haut-Bois à La Bazoche-Gouet (Eure-et-Loir) et livrés à la ferme le jeudi.
Sous le deuxième bâtiment, une vingtaine de vaches de race aubrac sont attendues. « Elles devraient déjà être là mais la maladie hémorragique épizootique freine les déplacements d’animaux, relève Simon, 27 ans, le frère d’Éloïse, installé en 2022 sur la ferme. À terme, nous avons la volonté d’élever 53 vaches, leur suite et un taureau. »
Une fabrique d’aliments
Lors de son installation, Simon a également eu l’opportunité de reprendre 80 ha mis en culture à l’automne 2023, ce qui amène la sole à 340 ha. « Nous produisons du pois, du blé, du triticale et de l’orge d’hiver pour la production de semences », souligne Frédéric. Ces mêmes espèces ainsi que 80 ha de prairies, du maïs, du tournesol, du sarrasin, du sorgho, de la luzerne et de la féverole sont cultivées notamment pour nourrir les animaux.
Une fabrique d’aliments est en construction dans le bâtiment des cochons. Il y aura quatre cellules pour le blé, l’orge, les féveroles et le maïs ou le sorgho qui seront broyés et serviront à créer une trentaine de recettes selon les besoins des cochons, des volailles et des vaches. Une installation qui nettoie, trie, sèche et stocke les productions est déjà en place.
« Les cultures alimentent nos animaux dont le fumier et les fientes fertilisent les champs », résume Frédéric dont l’objectif, avec ses enfants, est d’être le plus autonome possible pour gagner en valeur ajoutée. Dans cet esprit, la famille évoque aussi le projet de partager, avec plusieurs agriculteurs voisins, un troupeau de moutons pour notamment valoriser les couverts intermédiaires. L’occasion d’accueillir peut-être l’épouse de Simon qui est bergère.
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